L’ammoniac est préparé par synthèse entre le dihydrogène et le diazote de l’air. Il est principalement employé dans l’industrie des engrais soit directement, aux États-Unis, soit après transformation en phosphates, nitrate ou sulfate d’ammonium.
Formule | Masse molaire | Moment dipolaire | Géométrie de la molécule |
NH3 | 17,03 g.mol-1 | 1,4718 D | Distance interatomique : N-H : 101,5 pm Angle HNH : 106,6° |
Masse volumique | Température de fusion | Température de sublimation | Température critique | Pression critique | Température point triple | Pression point triple | Température d’auto-inflammation | Limites d’explosivité dans l’air | Solubilité dans l’eau |
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-77,74°C | -33,35°C | 132,25°C | 11 330 kPa | -77,60°C | 6,111 kPa | 630°C | de 15,5 à 27 %, en volume |
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pKa : NH4+aq/NH3 |
9,24 |
Ammoniac gazeux :
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Ammoniac en solution aqueuse :
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Pour produire 1 t de NH3 il faut 658 m3 de diazote et 1 974 m3 de dihydrogène, mesurés à 1 bar et 25 °C. Le diazote provient de l’air. Le dihydrogène est obtenu principalement par vaporeformage du gaz naturel (composé de méthane, CH4) mais aussi, particulièrement en Chine, à partir du charbon, lors de l’élaboration du coke ou par gazéification en présence d’eau.
En 2015, le gaz naturel est la matière première adoptée pour 69 % des capacités mondiales de production de NH3, le charbon et le gaz de cokerie pour 29 % (à 95 % en Chine), le fuel ou le naphta pour 2 %.
En Chine, en 2016, le charbon représente 82 % des matières premières utilisées.
Dans l’Union européenne, en 2012, la part du gaz naturel est de 90 %.
Toute la production française d’ammoniac est effectuée à partir de gaz naturel.
Le gaz naturel représente, en 2013, dans l’Union européenne, de 80 à 88 % des coûts de production de l’ammoniac. Il faut 0,6 kg de gaz naturel pour produire 1 kg d’ammoniac.
En 2019, le gaz naturel représente 35 % des coûts de production du principal producteur mondial CF Industries.
Principe : selon le procédé Haber-Bosch dont la première industrialisation a eu lieu, en 1913, par BASF, à Oppau, en Allemagne.
En général, en dehors de la Chine, l’élaboration se fait directement à partir du gaz naturel qui donne H2 (voir le chapitre consacré à ce gaz). L’air (source de diazote) est introduit après le vaporeformage et avant la conversion. A ce stade, le gaz de synthèse contient de 5 à 11 % de méthane non transformé. Un reformage secondaire (ou post combustion) permet d’éliminer le dioxygène de l’air par combustion avec le méthane restant.
La synthèse de NH3 a lieu à haute pression (8 à 30 MPa), 350 à 500°C, en présence de catalyseurs contenant du fer. Le rendement est faible (environ 20 %), ce qui nécessite un recyclage du gaz non converti après récupération de NH3 par refroidissement.
N2 + 3 H2 = 2 NH3 ΔrH°298 = – 92,2 kJ/mole.
Les nouvelles unités de production peuvent donner 3 300 t NH3/jour et atteindre jusqu’à 4 250 t/jour. La consommation moyenne d’énergie est de 34,7 GJ/t dans l’Union européenne, elle est de 27 GJ/t pour les nouvelles unités de production.
Catalyseur : exemple de composition, en % en masse, avant réduction lors de la production de NH3. Dans le réacteur, l’oxyde de fer est réduit en fer.
Fe3O4 | Al2O3 | CaO | K2O | MgO | SiO2 |
94,3 % | 2,3 % | 1,7 % | 0,8 % | 0,5 % | 0,4 % |
Un four de production de NH3 contient 100 t de catalyseur, sous forme de grains de 1,5 à 20 mm, avec une durée de vie qui peut atteindre 10 ans.
Dans les réacteurs fonctionnant à pression relativement basse (8 à 10 MPa), les catalyseurs contiennent environ 5 % d’oxyde de cobalt.
Un catalyseur à base de rubidium et de ruthénium est utilisé dans une unité de production de 150 000 t/an à Kitimat en Colombie Britannique (Canada).
Exemples d’unités de production :
Stockage : NH3 est obtenu anhydre, liquide, à -33°C, et stocké à cette température, à la pression atmosphérique. Les réservoirs contiennent jusqu’à 36 000 t de NH3. CF Industrie possède une capacité de stockage de 1,315 million de t.
Coproduit : du dioxyde de carbone (2,1 t/t d’ammoniac). Celui-ci peut être utilisé pour produire de l’urée, vendu aux distributeurs de gaz industriels, ou rejeté dans l’atmosphère. La production d’ammoniac génère au niveau mondial 1 % des émissions de gaz à effet de serre. Les émissions sont comprises entre 1,6 t de CO2/t de NH3 à partir du gaz naturel et 3,8 t de CO2/t de NH3 à partir de charbon.
En 2019. Monde : 182 millions t de NH3 ou 150 millions de t exprimé en N. Union européenne : 14,7 millions t de NH3.
Chine | 49 | Arabie Saoudite | 5,2 | |
Russie | 18 | Égypte | 5,0 | |
États-Unis | 17 | Trinidad et Tobago | 4,9 | |
Inde | 15 | Canada | 4,6 | |
Indonésie | 6,1 | Iran | 4,1 |
Source : USGS
En 2018, les capacités mondiales de production sont de 234 millions de t/an d’ammoniac avec 467 usines.
La Chine, en 2012, compte 394 usines de production d’ammoniac.
Aux États-Unis, en 2019, 16 sociétés exploitent 35 usines de production situées pour 60 % des capacités de production, sur un total de 20,6 millions de t/an, en Louisiane, Oklahoma et Texas. Les principaux producteurs sont : CF Industries Holdings avec 41,8 % des capacités de production, Nutrien avec 14,6 % des capacités de production, Koch Nitrogen avec 9,7 % des capacités de production.
Dans l’Union européenne, en 2013, avec une capacité de production de 20,613 millions de t/an de NH3, il y a 42 usines de production d’ammoniac.
Capacités de productions et nombre d’usines, en 2013, et productions en 2019, en milliers de t NH3, soit 14 658.
Capacité, en kt/an | Nombre d’usines | Production, en kt | Capacité, en kt/an | Nombre d’usines | Production, en kt | ||
Allemagne | 3 438 | 5 | 2 932 | Bulgarie | 1 118 | 3 | * |
Pologne | 3 210 | 5 | 2 447 | Royaume Uni | 1 100 | 3 | 911, en 2017 |
Pays Bas | 2 717 | 2 | * | Belgique | 1 020 | 2 | * |
Roumanie | 2 176 | 6 | 620, en 2015 | Espagne | 609 | 3 | 445 |
France | 1 495 | 4 | 622 | Slovaquie | 429 | 1 | 508 |
Lituanie | 1 118 | 1 | 1 050 | Croatie | 478 |
Sources : Eurostat et Centre for European Policy Studies
* : les productions pour ces pays sont confidentielles.
Par ailleurs, en 2013, il y a 2 usines en Hongrie, 1 usine en Italie, Autriche, République tchèque, Estonie et Grèce.
Principaux producteurs : hors producteurs chinois, en 2019.
CF Industries (États-Unis) | 9,88 | Ostchem (Ukraine) | 5,18 | |
Yara (Norvège) | 8,6 | EuroChem (Russie) | 4,20 | |
PT Pupuk (Indonésie) | 7,09 | TogliattiAzot (Russie) | 3,50 | |
Nutrien (Canada) | 7,06 | Sabic (Arabie Saoudite) | 3,50 | |
OCI (Pays Bas) | 6,87 | Koch (États-Unis) | 3,29 |
Sources : rapports des sociétés
Transport : l’ammoniac est principalement transformé sur place, à 88 %, sinon il est transporté liquide à -33°C en camions citernes, navires de 35 000 t de capacité ou pipeline (5 090 km aux États-Unis, 2 000 km en Russie et Ukraine entre Togliatti et Odessa). Le principal port d’exportation, celui de l’ammoniac produit en Russie et Ukraine, avec 2,6 millions de t/an, est Yuzhnyy situé sur les côtes de la Mer Noire.
Commerce mondial : il a porté, en 2019, sur 20,025 millions de t de NH3, sous forme anhydre.
Principaux pays exportateurs :
Arabie Saoudite | 4 863 | Canada | 942 | |
Russie | 4 648 | Ukraine | 586 | |
Trinidad et Tobago | 3 922 | Qatar | 577 | |
Indonésie | 1 773 | Malaisie | 492 | |
Algérie | 1 210 | Pays Bas | 434 |
Les exportations de l’Arabie Saoudite sont destinées à 51 % à l’Inde, 18 % au Brésil, 6 % au Kenya.
Principaux pays importateurs :
Inde | 2 757 | Chine | 1 055 | |
États-Unis | 2 459 | Turquie | 1 024 | |
Maroc | 1 507 | Ukraine | 862 | |
Corée du Sud | 1 378 | Taipei chinois | 644 | |
Belgique | 1 186 | Allemagne | 608 |
Les importations de l’Inde proviennent à 27 % d’Arabie Saoudite, 21 % du Qatar, 13 % d’Indonésie, 13 % d’Égypte, 10 % d’Ukraine.
Par ailleurs, en 2019, le commerce international de l’ammoniac en solution aqueuse a porté sur 1,652 million de t.
Production : 622 212 t, en 2019, avec une capacité de production de 1,495 million de t.
Usines : en t de NH3 de capacités annuelles.
Le 1er juillet 2013, la société GPN, filiale de Total, a été acquise par Borealis, société autrichienne détenue à 64 % par Mubadala, société d’Abu Dhabi et 36 % par le groupe pétrolier autrichien OMV.
Localisation des usines françaises de production d’ammoniac
Commerce extérieur : en 2019.
Les exportations étaient :
Les importations s’élevaient :
Consommations : en 2019, en millions de t de NH3. Monde : 182,5, Union européenne, en 2017 : 20,1. Répartition :
Asie de l’Est | 36,1 % | Europe de l’Ouest | 7,7 % | |
Asie du Sud | 12,2 % | Afrique | 5,2 % | |
Amérique du Nord | 12,2 % | Europe Centrale | 2,9 % | |
Europe de l’Est, Asie Centrale | 11,9 % | Amérique Latine | 2,3 % | |
Asie de l’Ouest | 8,5 % | Océanie | 0,9 % |
En 2019, la consommation des États-Unis est de 19,4 millions de t de NH3.
Secteurs d’utilisation :
Les engrais représentent 82 % de la consommation mondiale d’ammoniac (voir ce chapitre). En 2016, dans le monde, l’ammoniac a été utilisé directement pour seulement 3,7 % de la fertilisation azotée, le reste a été transformé et utilisé sous forme d’urée pour 48,0 % de la fertilisation azotée, de phosphates d’ammonium pour 6,9 %, de nitrate d’ammonium pour 6,4 %, de sulfate d’ammonium pour 3,3 %.
Aux États-Unis, en 2019, 88 % de la consommation d’ammoniac est destinée à une utilisation sous forme d’engrais. Dans ce pays, compté en N contenu, en 2016, 25,9 % de la consommation d’engrais azotés est sous forme d’ammoniac anhydre, 26,0 % sous forme de solutions, 22,6 % d’urée, 2,4 % de sulfate d’ammonium, 2,3 % de nitrate d’ammonium.
En Europe, en 2017-18, les nitrates représentent 46 % de la fertilisation azotée, l’urée 22 %, les solutions 13 %.
Aux États-Unis, l’utilisation des engrais azotés est principalement réalisée directement avec de l’ammoniac (25,9 % de la fertilisation azotée) alors que dans d’autres régions, par exemple en Inde et en Chine, l’urée domine, avec respectivement 81 et 67 % de la fertilisation azotée ou, en Europe, le nitrate d’ammonium, avec 42 % de la fertilisation azotée.
Autres utilisations : plastiques et fibres (polyuréthane, résines urée-formol, nylon, acrylonitrile…), explosifs (NH4NO3).
Ces utilisations représentent 18 % de la consommation mondiale, à 77 % par la chimie, 17 % la fabrication d’explosifs, 5 % l’environnement.
En 2017, l’acidification due aux pluies provient à 62 % des émanations d’ammoniac, 30 % de celles des oxydes d’azote et 7,5 % de celles du dioxyde de soufre. En 1980, celle-ci était principalement due au dioxyde de soufre avec 54 %, puis à l’ammoniac et aux oxydes d’azote avec 23 % chaque. Entre ces deux dates on a assisté à une diminution régulière de la pollution par le dioxyde de soufre alors que celle due à l’ammoniac reste sensiblement constante.
En 2018, en France métropolitaine, les émissions d’ammoniac ont été de 594 000 t, dues, à 66 % aux déjections animales des élevages et 27 % aux apports d’engrais pour les cultures. En 1980, les émissions d’ammoniac étaient de 712 000 t.
A priori, il est surprenant que l’ammoniac joue un rôle, non négligeable, sur l’acidification due aux pluies. En effet le pKa du couple NH4+/NH3 est de 9,2 et en conséquence, l’ammoniac est une base faible. Lors de l’épandage d’engrais, en particulier d’urée qui libère de l’ammoniac lors de son hydrolyse, une partie de celui-ci est libérée dans l’atmosphère et dans un premier temps peut neutraliser l’acidité des pluies en formant des ions NH4+ lors de sa dissolution. Toutefois, la formation d’ion ammonium (NH4+) contenu dans les pluies et la présence de celui-ci lors d’épandage d’engrais le renfermant, par exemple les ammonitrates, se traduit, dans les sols, par une action de nitrification qui, à l’aide de bactéries contenues naturellement dans les sols, produit des ions nitrate mais aussi des ions H+, selon les réactions suivantes :
2 NH4+ + 3 O2 = 2 NO2– + 2 H2O + 4 H+
2 NO2– + O2 = 2 NO3–
Les micro-organismes animaux ou végétaux (plancton...) qui se sont déposés, il y a plusieurs millions d'années, au fond des océans sont à l'origine du pétrole et du gaz naturel qui après divers mouvements de circulation se retrouvent sous des dômes de terrain imperméable.
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