Le platine (Pt), avec le palladium (Pd), le rhodium (Rh), le ruthénium (Ru), l’iridium (Ir) et l’osmium (Os) forme la famille des métaux du groupe du platine (PGM en anglais) ou platinoïdes. Ces éléments, possédant des propriétés chimiques proches sont associés dans leurs gisements. Par contre, leurs propriétés physiques sont différentes : le platine et le palladium sont ductiles et faciles à mettre en forme alors que le ruthénium et l’osmium sont durs et cassants, Ru, Rh et Pd ont des densités comprises entre 12 et 12,5, alors que celles de Pt, Ir et Os sont comprises entre 21,4 et 22,6.
Les principaux platinoïdes utilisés sont en ordre décroissant, le palladium, le platine, le ruthénium et le rhodium. Le palladium, le platine et le rhodium sont principalement employés en catalyse automobile, le platine étant également prisé en bijouterie.
Les teneurs de l’écorce terrestre sont de 0,005 ppm, soit 5 µg/kg, pour le platine, 0,015 ppm pour le palladium, 0,0015 ppm pour l’osmium, 0,001 ppm pour le rhodium, l’iridium et le ruthénium.
Les gisements de platinoïdes se trouvent généralement dans des roches magmatiques qui sont remontées en surface au travers de la croûte terrestre. C’est le cas du principal gisement mondial, celui du complexe du Bushveld, en Afrique du Sud, mais aussi de ceux de Great Dyke, au Zimbabwe, de Stillwater, aux États-Unis, de Norilsk en Russie. Dans ces gisements, les platinoïdes sont associés à des sulfures de nickel et de cuivre.
La teneur en platinoïdes des minerais d’Afrique du Sud est comprise entre 3 et 10 g/t. Aux États-Unis, cette teneur est, en moyenne, de 15 g/t. En Russie, dans le gisement de Norilsk-Talnakh, les teneurs varient entre 8 et 11 g/t pour les platinoïdes présents avec les sulfures massifs de nickel ou de cuivre et 3 et 9 g/t pour les platinoïdes présents dans les sulfures disséminés. Pour récupérer une once (31,1035 g) de platinoïdes, il faut extraire de 8 à 16 t de minerai.
En Afrique du Sud et aux États-Unis, les gisements sont exploités pour les platinoïdes contenus, le nickel et le cuivre étant coproduits. A Norilsk, en Russie, et à Sudbury, au Canada, les platinoïdes sont coproduits de mines de nickel.
Il existe une faible production alluviale, sous forme de platine natif, en Colombie et en Russie.
Les exploitations minières sont le plus souvent souterraines.
Platine, en 2019 : monde : 187,198 t, Union européenne (Finlande) : 0,953 t.
Afrique du Sud | 137,198 t | Zimbabwe | 14,9 t | |
Russie | 20,741 t | Canada, États-Unis | 10,0 t |
Source : Johnson Matthey
Palladium, en 2019 : monde : 214,428 t, Union européenne (Finlande) : 0,699 t.
Russie | 87,152 t | Canada, États-Unis | 29,3 t | |
Afrique du Sud | 82,362 t | Zimbabwe | 11,8 t |
Rhodium, en 2019 : monde : 23,203 t.
Afrique du Sud | 19,315 t | Zimbabwe | 1,2 t | |
Russie | 1,834 t | Canada, États-Unis | 0,7 t |
La production mondiale des autres platinoïdes est d’environ :
En Afrique du Sud, l’énorme gisement du Bushveld (voir ci-dessous), découvert en 1924 par Merensky, s’étend sur une surface de 66 000 km2 et une profondeur d’environ 15 km. Il s’est formé pendant 1 à 5 millions d’années, il y a 2 053 millions d’années, par l’intrusion d’un magma basique au travers de la croûte terrestre. Lors de son refroidissement, les minéraux de composition et de température de solidification différentes se sont déposés par cristallisation fractionnée en couches homogènes. Le gisement affleure selon trois lobes :
Carte géologique du complexe du Bushveld
Les platinoïdes se trouvent dans 3 couches, dénommées reefs, à environ 2 000 m de profondeur : Merensky Reef d’une épaisseur moyenne de 30 cm, Upper Group 2 (UG-2) d’une épaisseur comprise entre 0,4 et 2,5 m, située de 20 à 400 m sous Merensky Reef, et Platreef. Aux débuts de leur exploitation, les gisements ont été exploités à faible profondeur, c’est le cas actuellement pour Platreef, mais comme les veines de minerais plongent de 10° vers le centre du complexe du Bushveld, l’exploitation est de plus en plus profonde. Par ailleurs, la faible épaisseur des veines de minerai ne permet pas une mécanisation importante et rend difficile les conditions de travail.
Merensky Reef, est constituée d’environ 60 % d’enstatite (pyroxène) et 20 % de plagioclase (feldspath). Les platinoïdes sont associés à des sulfures constitués de pyrrhotite (sulfure de fer) pour 40 %, pentlandite (sulfure de fer et de nickel) pour 30 %, chalcopyrite (sulfure de fer et de cuivre) pour 15 %. Les platinoïdes, sont présents sous forme de coopérite (PtS), braggite ((Pt,Pd)NiS), pserrylite (PtAs2), laurite (RuS2)… dans des particules d’environ 15 micromètres. Le niveau UG-2 est constitué par 60 à 90 % de chromite (oxyde de fer et de chrome) et de silicates dont 5 à 30 % de pyroxène et 1 à 10 % de plagioclase.
En 2020, 64 % de la production provient du niveau UG2, 21 % de Merenski reef et 15 % de Platreef.
Évolution de la teneur moyenne en Pt, Pd, Rh et Au des minerais extraits : 4,8 g/t en 2000, 3,5 g/t en 2013, 3,35 g/t en 2019.
Le gisement, outre les platinoïdes, contient du cuivre, du nickel, du cobalt, du chrome, du vanadium, du titane, de l’étain, de l’or, de l’argent… Il renferme 80 % des réserves mondiales de chrome, de 40 à 50 % de celles de vanadium.
Teneurs en platinoïdes et en or des reefs sud-africains :
Reefs | Pt | Pd | Rh | Ru | Ir | Os | Au | ||||||
Merensky | 3,25 | 1,38 | 0,17 | 0,44 | 0,06 | 0,04 | 0,18 | ||||||
UG-2 | 2,46 | 2,04 | 0,54 | 0,72 | 0,11 | 0,10 | 0,02 | ||||||
Platreef | 1,26 | 1,38 | 0,09 | 0,12 | 0,02 | 0,02 | 0,10 |
Source : DERA
En Russie, les platinoïdes sont principalement coproduits par Nornickel, ex-Norilsk, dans les mines de nickel des péninsules de Taimyr et de Kola. Les proportions contenues entre les différents platinoïdes et l’or sont les suivantes : 17,7 % de Pt, 74,0 % de Pd, 2,0 % de Rh, 1,1 % de Ru, 0,7 % de Ir et 4,5 % de Au. Il existe dans ce pays une production alluviale, en 2018, de 622 kg de platine natif, avec les gisements de Kondyor, près de Khabarovsk, en Sibérie Orientale, exploités par Russian Platinium, où a été trouvé une pépite de 3,5 kg, et de Koryak, dans le Kamchatka.
Au Zimbabwe, les mines de platinoïdes exploitent l’intrusion magmatique du Great Dyke. Anglo American Platinum possède la mine d’Unki et Impala Platinum possède les mines de Zimplats, à 87 % et Mimosa, à 50 %, en joint venture avec Sibanye Stillwater. Les proportions contenues entre les différents platinoïdes et l’or sont les suivantes : 45,5 % de Pt, 36,0 % de Pd, 3,9 % de Rh, 4,9 % de Ru, 2,4 % de Ir et 7,2 % de Au.
Au Canada, des platinoïdes sont extraits d’une part de la mine du Lac des Îles, dans l’Ontario et d’autre part sont coproduits dans les mines de nickel de Sudbury, dans l’Ontario, et de Raglan, au nord du Québec.
Le gisement du Lac des Îles qui s’étend sur 1 x 0,815 km et 650 m de profondeur est exploité par North American Palladium, à ciel ouvert depuis 1993 et souterrainement, depuis 2006. En 2019-20, la production a été de 199 kg de Pt et 2,334 t de Pd. ainsi que de l’or, du cuivre, de l’argent et du cobalt. Les réserves prouvées et probables sont de 40,9 millions de t de minerai contenant 2,31 g/t de palladium, 0,209 g/t de platine, 0,174 g/t d’or, 0,07 % de nickel et 0,06 % de cuivre. En décembre 2019, North American Palladium a été acquis par Impala Platinum.
Les mines de Sudbury, exploitées par Vale, principalement pour le nickel contenu, ont donné, en 2019, 4,603 t de platine, 5,661 t de palladium, 2,146 t d’or et de l’argent ainsi que 93 000 t de cuivre, 50 800 t de nickel et 495 t de cobalt. Les platinoïdes sont concentrés à Port Colborne, dans l’Ontario et raffinés, jusqu’en 2018, à Acton, au Royaume Uni. Cette raffinerie ayant fermé en 2018, les concentrés sont depuis traités par une tierce partie. Les réserves prouvées et probables sont de 58,1 millions de t renfermant 1,75 % de Cu, 1,38 % de Ni, 0,04 % de Co, 1,26 g/t de Pt, 1,52 g/t de Pd et 0,47 g/t de Au.
Glencore exploite des platinoïdes dans la mine de Nickel Rim South, à Sudbury et dans celle de Raglan, avec, en 2019, une production de 1,586 t de Pt, 3,484 t de Pd, 124 kg de Rh, 902 kg d’or, 15,8 t de Ag ainsi que 61 300 t de Ni, 44 200 t de Cu et 700 t de Co. Les concentrés de nickel et de cuivre sont raffinés en Norvège, à Kristiansand. Les réserves prouvées et probables sont de 29,9 millions de t renfermant 2,20 % de Ni, 0,89 % de Cu, 0,05 % de Co, 0,55 g/t de Pt et 0,98 g/t de Pd.
Aux États-Unis, la production est assurée par Sibanye Stillwater, après l’acquisition, en mai 2017, des mines souterraines de Stillwater et East Boulder qui exploitent la couche géologique dénommée J-M Reef, dans le sud du Montana, près de la ville de Nye. La teneur moyenne du minerai extrait est de 15,01 g de platinoïdes par t de minerai. En 2019, la mine de Stillwater a donné 11,707 t de platine et palladium, celle de East Boulder, 6,767 t de platine et palladium. Les réserves prouvées et probables sont, fin décembre 2019, de 48,3 millions de t de minerai avec une teneur moyenne en platinoïdes de 17,3 g/t de Pt, Pd. Les opérations métallurgiques sont effectuées à Colombus dans le Montana. Les proportions contenues selon les différents platinoïdes sont les suivantes : 21,2 % de Pt, 76,5 % de Pd, 1,3 % de Rh, 0,5 % de Ru et 0,5 % de Ir.
Dans l’Union européenne, il y a une faible production de platine et de palladium associée à l’exploitation des gisements polonais de cuivre avec environ 15 kg/an de Pt et 25 kg/an de Pd et surtout l’exploitation à ciel ouvert de la mine de Kevitsa, depuis 2012, dans le nord de la Finlande, le gisement ayant été découvert en 1987. En juin 2016, First Quantum a vendu la mine à Boliden. En 2019, les productions ont été de 19 763 t de Cu, 9 021 t de Ni, 445 t de Co, 407 kg de Au, 953 kg de Pt, 699 kg de Pd. Les réserves prouvées et probables sont de 140,3 millions de t renfermant 0,32 % de Cu, 0,24 % de Ni, 0,01 % de Co, 0,22 g/t de Pt, 0,14 g/t de Pd, 0,11 g/t d’Au.
Minéralurgie : les minerais extraits, sulfurés, sont broyés puis concentrés par flottation dans des installations proches de la mine qui donnent des concentrés sulfurés de nickel et de cuivre renfermant les platinoïdes. Par exemple, en 2016, les mines de Stillwater aux États-Unis ont produit 32 097 t de concentrés renfermant 129 g/t de platine et 439 g/t de palladium, à partir de 1,29 million de t de minerai extrait de la mine contenant 14,0 g/t de platinoïdes. La masse de concentrés produits représente 2,5 % de la masse totale du minerai extrait. Le taux de récupération des platinoïdes est de 92 %.
Historique de la production minière : d’après J.F. Labbé, J.J. Dupuy, « Panorama 2012 du marché des platinoïdes« .
Le platine était connu des civilisations égyptiennes et précolombiennes mais son exploitation industrielle a débuté en 1735, en Colombie par l’exploitation de placers et s’est poursuivie, à compter de 1819, dans l’Oural, en Russie. Cette exploitation, exclusivement dans des placers, a été de 281 t entre 1735 et 1918.
En 1919, a commencé l’exploitation minière des platinoïdes contenus dans le gisement de nickel de Sudbury, au Canada, puis, à compter de 1928, celle du reef Merensky, en Afrique du Sud. Au total, entre 1919 et 1946, la production mondiale a été de 280 t.
En 1947, a débuté l’exploitation minière des platinoïdes du gisement de nickel et de cuivre de Norilsk, en Russie et en 1982, celle du reef UG-2 en Afrique du Sud. Au total, entre 1947 et 1994, la production totale a été de 6 632 t.
Entre 1995 et 2017, la production de platinoïdes a été de 9 890 t, soit, depuis 1735, un total de 17 080 t.
Principaux producteurs miniers : en 2019.
Pt | Pd | Rh | |||
Anglo American Platinum | 42,867 | 32,634 | 5,785 | ||
Impala Platinum | 41,968 | 27,744 | 5,617 | ||
Sibanye Stillwater | 33,644 | 29,532 | 4,389 | ||
Nornickel | 21,835 | 90,884 | 2,022 | ||
Northam Platinum | 9,815 | 4,565 | 1,449 | ||
ARM | 8,150 | 6,520 | 1,305 | ||
Vale | 4,603 | 5,661 | |||
Royal Bafokeng Platinium | 3,505 | 1,431 | 0,302 | ||
Glencore | 1,586 | 3,484 | 0,124 |
L’acquisition de Lonmin, avec la mine de Marikana, par Sibanye Stillwater effective en juin 2019 donnera, en 2020, le premier producteur mondial de platine et de rhodium, le deuxième de palladium.
Voir ci-dessous pour plus de détails.
Réserves minières : en 2019. Monde : 69 000 t.
Afrique du Sud | 63 000 | États-Unis | 900 | |
Russie | 3 900 | Canada | 310 | |
Zimbabwe | 1 200 |
Source : USGS
En Afrique du Sud, 71 % des réserves sont situées dans le lobe ouest du complexe du Bushveld, 24 % dans le lobe est et 5 % dans le Platreef. 57 % des réserves sont situées dans le reef Merensky, 38 % dans UG-2, 5 % dans Platreef.
Les concentrés provenant des exploitations minières subissent une succession de traitements. Exemple des opérations effectuées par Stillwater Mining Co. (SMC) sur les concentrés américains du Montana auxquels ont été ajouté le platine issu du recyclage.
Une série de fusions, à plus de 1 500°C, dans des fours électriques, permet d’éliminer la silice sous forme d’un laitier fusible ainsi qu’une grande partie du fer contenu. On obtient des mattes sous forme de granulés qui contiennent sous forme de sulfures, du cuivre, du nickel, du cobalt et les platinoïdes.
Les mattes sont ensuite traitées selon le procédé Sherritt qui consiste à pratiquer des lixiviations à l’acide sulfurique, en présence de dioxygène. Une première étape à la pression atmosphérique et à chaud permet d’éliminer une grande partie du nickel et du cobalt qui sont récupérés sous forme de sulfates. Une deuxième étape, sous pression et plus haute température dans des autoclaves, fait passer une grande partie du cuivre en solution. Il est récupéré par électrolyse donnant des cathodes de cuivre. Une troisième étape, sous pression et haute température, permet l’élimination du cuivre et du nickel restant.
Les platinoïdes qui sont restés inattaqués lors des traitements de lixiviation se retrouvent dans les « gâteaux » issus des filtres-presses. L’or et l’argent, présents en faible quantité, accompagnent les platinoïdes. La teneur en platinoïdes est passée de 2 % dans les mattes, à 40 % dans les « gâteaux ».
Les opérations de séparation des éléments contenus sont réalisées à l’extérieur de la société pour fournir des éponges titrant 99,95 %. Ces opérations hydrométallurgiques consistent en une attaque par l’acide chlorhydrique en présence de dichlore qui permet de solubiliser l’or puis le palladium et ensuite le platine. Les autres platinoïdes restent insolubles. Les traitements de séparation mis en œuvre font appel à des extractions par solvant, des distillations, des échanges d’ions.
Les concentrés miniers produits par Anglo American Platinum sont traités dans 4 complexes métallurgiques, à Mortimer, Waterval (Rustenburg) et Polokwane, en Afrique et Sud et Unki au Zimbabwe. En 2012, 1,15 million de t de concentrés ont donné 185 100 t de mattes qui après conversion ont fourni 29 600 t de métaux de base (cuivre, nickel et cobalt) et 55 200 t de mattes converties qui après raffinage ont donné 144 t de platinoïdes.
Principaux producteurs : en 2019.
Par ailleurs, le groupe participe à l’exploitation d’autres mines, en joint venture, les productions correspondent à la part de Anglo American Platinum :
> à 50 % avec ARM pour la mine de Modikwa, avec, en 2019, 1,776 t de Pt, 1,695 t de Pd, 361 kg de Rh, 124 kg de Ir, 525 kg de Ru, 44 kg de Au, 300 t de Ni et 200 t de Cu,
> à 50 % avec Sibanye Stillwater pour la mine de Kroondal, avec, 4,622 t de Pt, 2,488 t de Pd, 874 kg de Rh, 323 kg de Ir, 1,403 t de Ru, 40 kg de Au, 300 t de Ni et 100 t de Cu.
En 2019, les réserves prouvées et probables sont de 1 439,2 millions de t de minerai renfermant 3,08 g/t de platinoïdes en Afrique du Sud et 53,3 millions de t de minerai à 3,27 g/t de platinoïdes, au Zimbabwe.
Mines exploitées, dans le complexe de Bushveld, par Anglo American Platinum :
Source : Anglo American Platinum
Les réserves prouvées et probables du groupe sont, à mi-2020, de 419,7 millions de t de minerai contenant 3,54 g/t de platinoïdes.
Les réserves prouvées et probables sont en Afrique Australe de 205,8 millions de t de minerai renfermant 3,8 g/t de platinoïdes ainsi que 84,4 millions de t de rejets d’exploitations précédentes renfermant 1,1 g/t. Aux États-Unis, les réserves sont de 48,3 millions de t de minerai renfermant 17,3 g/t. En Afrique Australe, les proportions entre les divers éléments sont, selon les mines, comprises entre 46 % et 57 % pour Pt, 24 et 36 % pour Pd, 4 et 9 % pour Rh, 4 et 11 % pour Ru, 2 et 3 % pour Ir et 0,7 et 8 % pour Au alors qu’aux États-Unis elles sont de 78 % de Pd et 22 % de Pt.
Commerce international : en 2019.
Les États-Unis, ont importé 38 t de platine, 76 t de palladium, 14 t de rhodium, 9,9 t de ruthénium, 910 kg d’iridium. Ils ont exporté 17 t de platine, 50 t de palladium, 1,6 t de rhodium et 1,3 t des autres platinoïdes.
L’une des caractéristiques des platinoïdes est leur grande capacité à être recyclés. Lorsqu’ils sont recyclés, plus de 96 % du métal contenu est récupéré.
En 2019, dans le monde :
En Europe, les principales entreprises de recyclage de platinoïdes sont soit des métallurgistes comme Umicore, à Hoboken, en Belgique ou Heraeus, en Allemagne ou des fabricants de catalyseurs comme BASF, en Allemagne.
Aux États-Unis, le groupe Sibanye Stillwater dans son complexe métallurgiques de Colombus dans le Montana, traite les minerais de ses mines de Stillwater et East Boulder avec une production, en 2019, de 18,173 t de platinoïdes et procède au recyclage de déchets, principalement de pots catalytiques, avec, en 2019, une production de 26,535 t de platinoïdes.
Stock gouvernementaux :
Jusqu’en 2005, les productions russes de platinoïdes n’étaient pas connues, on connaissait seulement le résultat du déstockage des stocks accumulés, ceux-ci étant secret d’État. En 2003, le stock de palladium était estimé à 370 t. Entre 2005 et 2012, les ventes du stock russe ont porté sur 237 t de palladium.
En 1994, le stock des États-Unis était de 13,7 t de platine, 39,3 t de palladium et 920 kg d’iridium. Entre 1999 et 2007 la vente de ce stock a eu lieu et il reste, en 2019, un stock résiduel de 261 kg de platine et 15 kg d’iridium.
Stocks financiers :
Les ETF (Exchange Traded Funds) sont des fonds cotés en bourse qui émettent des actions reposant sur des stocks physiques de métal. Ils ont été créés, en 2007 pour le platine et le palladium et en 2011 pour le rhodium. Fin 2017, ils étaient estimés à 80,1 t de platine, 41,2 t de palladium et 2,7 t de rhodium.
En 2019.
Pas de production primaire.
Exportations :
Importations :
Répartition, en 2019.
Platine | Palladium | Rhodium, en 2015 | |||
Chine | 25,4 % | 27,0 % | 20 % | ||
Europe | 29,8 % | 20,0 % | 26 % | ||
Amérique du Nord | 13,4 % | 21,9 % | 26 % | ||
Japon | 10,0 % | 11,6 % | 12 % | ||
Total mondial, en 2019 | 263,9 t | 357,8 t | 35,6 t, en 2019 |
Consommations mondiales des autres platinoïdes, en 2019 :
Ruthénium : 36,5 t
Iridium : 8,2 t.
Osmium : moins d’une t/an.
Dans le monde.
La catalyse automobile est, de très loin, le principal secteur d’utilisation des platinoïdes, elle compte pour 56 % des emplois du platine, du palladium et du rhodium réunis.
Platine : en 2019.
Catalyse automobile | 34,3 % | Pétrole | 3,0 % | |
Bijouterie | 24,5 % | Médical | 2,7 % | |
Chimie | 7,2 % | Électronique | 2,6 % | |
Verre | 5,2 % | Investissements | 13,3 % |
Source : Johnson Matthey
L’Europe, avec, en 2019, 42,5 t de platine consommées en catalyse automobile représente 46,9 % de la consommation de ce secteur.
La Chine avec, en 2019, 34,8 t de platine consommées en bijouterie, représente 53,7 % de la consommation de ce secteur.
Le platine est utilisé en catalyse chimique principalement pour fabriquer des silicones mais aussi pour la synthèse du paraxylène destiné à produire de l’acide téréphtalique puis du polyéthylène téréphtalate (PET). Il est également employé dans les toiles permettant de catalyser l’oxydation de l’ammoniac en oxyde d’azote lui même transformé en acide nitrique. En général, le catalyseur est peu consommé lors de son utilisation et au bout d’un certain temps est facilement recyclable, sauf dans le cas de la fabrication des silicones où il est employé dans leur vulcanisation à froid sous forme, en général, d’acide chloroplatinique, H2PtCl4, une partie du catalyseur se trouve incorporé dans le produit final. Par exemple, les silicones des implants mammaires renferment de 6 à 8 µg de Pt/g de silicone, soit plus que la teneur des minerais sud-africains.
Le platine, permet de catalyser la réaction du dihydrogène avec le dioxygène, avec formation d’eau, à la base du fonctionnement des piles à combustible.
Dans l’industrie verrière, le platine, allié à 5 à 20 % de rhodium, est employé dans la confection de filières pour la production de fibre de verre, d’un diamètre compris entre 5 et 13 µm et pour la fabrication d’écrans à cristaux liquide (LCD).
En électronique, le platine est utilisé à 95 % dans la fabrication de disques durs, sous forme d’alliages cobalt–chrome-platine, dans des couches minces magnétiques d’environ 20 nm.
Le platine a de nombreuses autres applications, du fait de sa résistance à la corrosion, en particulier à haute température. Il est employé comme creuset pour diverses fusions, dans des thermocouples (platine/platine-rhodié), comme électrodes, en particulier dans les pacemakers, comme revêtement, sous forme d’alliage avec l’aluminium, de pales de turbines de réacteurs…
Palladium : en 2019.
Catalyse automobile | 84,1 % | Dentaire | 2,8 % | |
Électronique | 6,3 % | Bijouterie | 1,2 % | |
Chimie | 4,4 % | Autres industries | 1,6 % |
En électronique, le palladium est utilisé pour la fabrication de condensateurs céramiques multicouches ainsi que pour remplacer l’or dans les dépôts destinés à faciliter les connexions électriques.
En chimie, dans la fabrication de l’acide nitrique, le catalyseur est constitué de plus de 50 toiles de platine rhodié de plus de 4 mètres de diamètre, avec un fil d’environ 0,07 mm de diamètre. Les pertes en platine varient entre 25 et 40 mg/t de HNO3 pur. Elles sont dues à un effet mécanique et à l’oxydation du platine en PtO2. Le platine perdu par effet mécanique est en partie récupéré dans des filtres. Celui qui est oxydé peut être, en partie, récupéré par ajout de toiles de palladium sur lesquelles l’oxyde de platine est réduit selon la réaction :
PtO2 + 2 Pd = Pt + 2 PdO
A une température supérieure à 750°C, l’oxyde de palladium est décomposé en palladium qui forme un alliage métallique avec le platine. Ainsi, plus de 80 % du platine et 30 % du rhodium peuvent être récupérés. La durée moyenne de vie du catalyseur est comprise entre 3 et 18 mois.
Par ailleurs, en chimie, le palladium est utilisé comme catalyseur dans la purification de l’acide téréphtalique et dans la fabrication du peroxyde d’hydrogène.
L’utilisation dentaire du palladium est surtout importante au Japon, ce pays représentant, en 2018, avec 5 t, 44 % des utilisations dans ce secteur, sous forme d’un alliage avec l’or, appelé « kinpala », renfermant 20 % de palladium.
Le palladium déposé sur des zéolithes, adsorbe l’éthylène et est employé pour retarder le mûrissement des fruits et légumes frais lors de leur stockage. Il adsorbe également le dihydrogène et est utilisé pour sa purification à l’aide de membranes en alliage palladium-argent.
Rhodium : en 2019.
Catalyse automobile | 87,7 % | Verre | 4,6 % | |
Chimie | 5,4 % | Électronique | 0,4 % |
Le rhodium est utilisé en catalyse chimique dans la production d’acide acétique, d’oxo-alcools ainsi que comme élément d’alliage des catalyseurs de platine et des filières de platine utilisées dans l’industrie verrière.
Ruthénium : en 2019.
Électronique | 34 % | Électrochimie | 21 % | |
Chimie | 28 % | Autres | 16 % |
Le ruthénium est utilisé comme catalyseur dans la production d’ammoniac à partir de gaz naturel et avec l’iridium, comme revêtement d’électrodes dans l’électrolyse de saumures pour la fabrication du dichlore et de l’hydroxyde de sodium. Il est aussi employé, avec le platine, comme catalyseur dans les piles à combustible. L’ajout de 0,1 % de Ru au titane permet d’augmenter considérablement sa résistance à la corrosion. En Chine, il est employé comme catalyseur dans la production de caprolactame et d’acide adipique destinés à la production de nylon 6 et 6.6. Le ruthénium est également utilisé pour élaborer des cibles de pulvérisation cathodique pour des dépôts en couche mince sur les disques durs. Ces dépôts, très minces, de 4 couches atomiques, séparent deux couches magnétiques pour créer un couplage antiferromagnétique qui permet d’augmenter la densité du stockage sur le disque dur.
Iridium : en 2019.
Électrochimie | 35 % | Chimie | 7 % | |
Électronique | 22 % | Autres | 35 % |
L’iridium est utilisé avec le ruthénium comme revêtement d’électrodes dans l’électrolyse de saumures pour la fabrication du dichlore et de l’hydroxyde de sodium. Il est également employé pour élaborer des creusets destinés à la fabrication de monocristaux de saphir. Il a été utilisé dans l’alliage (90 % Pt – 10 % Ir) du mètre étalon réalisé par George Matthey et livré au gouvernement français le 4 octobre 1879.
L’osmium, qui s’oxyde à l’air lorsqu’il est à l’état divisé en donnant du tétroxyde (OsO4), très toxique, est employé dans les revêtements d’or sur verre. Le tétroxyde d’osmium est utilisé dans la détection des empreintes digitales et des traces d’ADN lors des enquêtes de la police scientifique.