Le magnésium est le huitième élément le plus abondant dans la croûte terrestre.
Il fait partie de la famille des métaux alcalino-terreux. Il s’agit d’un des métaux les plus légers, il est moins dense que le fer et même que l’aluminium. Sa forme la plus stable est l’ion Mg2+.
Son nom vient du nom de la ville Magnesia qui était connue pour les vertus de ses eaux salées dans l’Antiquité. Il faut cependant attendre 1808 pour que le l’électro-chimiste britannique, Humphry Davy, isole l’élément qu’il appellera Magnésium.
Numéro atomique |
Masse atomique |
Configuration électronique |
Structure cristalline |
Rayon métallique pour la coordinence 12 |
12 | 24,305 g.mol-1 | [Ne] 3s2 | Hexagonale compacte de paramètres a = 321 pm et c = 521 pm | 160 pm |
Masse volumique | Dureté | Température de fusion | Température d’ébullition | Conductibilité électrique | Conductibilité thermique | Solubilité dans l’eau froide | Solubilité dans l’eau chaude |
1,74 g.cm-3 | 2,5 | 648,8°C | 1 090°C | 22,6.106 S.m-1 | 156 W.m-1.K-1 | insoluble | oxydé en Mg(OH)2 |
Électronégativité de Pauling | État d’oxydation | pKa : Mgaq2+/MgOHaq+ |
E° : Mg2+ + 2e = Mg(s) |
pKs : Mg(OH)2 | pKs : MgCO3 |
1,31 | +2 | 11,4 | -2,37 V | 11,0 | 7,5 |
Magnésium cristallisé
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Magnésium gazeux
|
La teneur en magnésium de l’écorce terrestre est d’environ 2 %. Il est abondant et bien réparti dans le monde en étant présent dans plus de 60 minéraux, dont les plus importants sont :
Le magnésium est également récupéré dans l’eau de mer et dans des saumures, voir le chapitre chlorure de magnésium. La teneur de l’eau de mer est en moyenne de 1,3 kg/m3 soit 0,13 %. Certaines mers ou lacs fermés en contiennent jusqu’à 35 kg/m3. Par exemple, la teneur du Grand Lac Salé dans l’Utah, aux États-Unis, est, en masse, de 5 % en magnésium. Le magnésium est extrait sous forme de chlorure de magnésium MgCl2 et éventuellement transformé en oxyde MgO, en d’autres composés : hydroxyde, sulfate… ou en métal. Par exemple, aux États-Unis, en 2019, le magnésium extrait de l’eau de mer ou de saumures est à l’origine de 73 % de la production de sels de magnésium du pays. En 2017, dans le monde, la part provenant de l’eau de mer et des saumures est de 5,6 %. Toute la production primaire de magnésium métal des États-Unis et d’Israël provient du Grand Lac Salé pour l’un et de la Mer Morte pour l’autre.
Par exemple, en 2018, aux États-Unis, la production provient, exprimée en capacités annuelles de production d’équivalent en MgO :
Elle est réalisée actuellement selon 2 voies :
Ce procédé mis au point en 1940, au Canadian National Research Council par Lloyd Montgomery Pidgeon a été industrialisé en 1942, à Haley, en Ontario, par la société Dominium Magnesium. L’usine a été fermée par la société Timminco Metals en 2008.
La dolomite (voir le produit carbonate de magnésium) ou la magnésite en présence de calcaire est d’abord décarbonatée dans un four rotatif entre 1000 et 1200°C. Ensuite, après broyage, ajout de ferrosilicium (à 78 % de Si) comme agent réducteur et de fluorure de calcium, pressage et briquetage, la matière première est introduite dans un four porté à 1200°C, sous vide (avec une pression d’environ 100 Pa). Le chauffage est effectué extérieurement (en Chine, le gaz de chauffage est souvent issu de cokeries). La réaction représentée selon l’équation suivante a lieu :
2 MgO,CaO + SiFe = 2 Mg(g) + Ca2SiO4 + Fe
Le magnésium, à l’état de vapeur, est condensé, dans une chambre refroidie par circulation extérieure d’eau. La réduction dure environ 6 h. Le magnésium obtenu possède une pureté élevée qui peut atteindre 99,95 %. Ce procédé présente l’inconvénient d’être discontinu, de faible productivité avec une production de 40 à 70 kg par four et de consommer une importante quantité d’énergie, avec environ 300 GJ/t. Toutefois, les investissements nécessaires sont réduits.
En Chine, les coût de production à l’aide du procédé Pidgeon se répartissent entre le ferrosilicium pour 48 %, l’énergie pour 15 %, la dolomite pour 6 %.
C’est le procédé le plus ancien.
Mg2+ contenu dans des solutions de chlorure de magnésium provenant soit d’eau de mer, soit de saumures, est précipité, à l’aide de dolomie calcinée, en Mg(OH)2 qui est récupéré par filtration. L’hydroxyde est ensuite transformé en MgCl2,6H2O par attaque chlorhydrique, puis déshydraté partiellement en MgCl2,1,5H2O ou totalement pour alimenter les cuves d’électrolyse.
L’électrolyte qui fond vers 720-780 °C a la composition suivante :
NaCl | CaCl2 | MgCl2 |
50-60 % | 15 % | 20-30 % |
Les anodes sont en graphite. Dans le cas des cellules Dow, les anodes sont entourées par des cathodes en acier percées de déflecteurs dont la forme permet de guider le magnésium formé vers le pourtour de la cellule, à l’abri de l’oxydation. Le magnésium, liquide, surnage sur le mélange de sels fondu. La consommation énergétique est de 12 000 kWh/t, pour les cellules les plus modernes.
L’un des problèmes lié à l’obtention du magnésium par électrolyse est l’utilisation l’hexafluorure de soufre SF6, servant à protéger le magnésium fondu de l’oxydation à l’air. L’hexafluorure de soufre est un gaz à effet de serre qui possède un potentiel de réchauffement global 22 800 fois plus important que le dioxyde de carbone (voir le chapitre effet de serre). Il est remplacé par du dodécafluoro-2-méthyl-3-pentanone ou par du dioxyde de soufre.
Au Québec, l’exploitation de l’amiante sous forme de chrysotile (Mg3Si2O5(OH)4) de 1877 à 2011 a laissé des quantités considérables de rejets miniers, environ 800 millions de t, d’une roche, la serpentine, famille de minéraux à laquelle appartient le chrysotile, avec une teneur en magnésium d’environ 25 %. Diverses sociétés envisagent de produire du magnésium à partir de cette matière première située dans le sud-est de la province à Asbestos et à Thetford Mines.
Il associe un traitement hydrométallurgique donnant de l’oxyde MgO à un traitement pyrométallurgique de réduction à l’aide de ferrosilicium de type procédé Pidgeon. Le traitement hydrométallurgique consiste en une série de dissolutions dans de l’hydroxyde de sodium puis dans de l’acide chlorhydrique afin de dissoudre la magnésioferrite. Du carbonate de calcium et de l’hématite (Fe2O3) précipitent puis du chlorure de magnésium est récupéré et par calcination transformé en oxyde, le chlorure d’hydrogène formé étant recyclé pour donner de l’acide chlorhydrique. Cet oxyde, par pyrométallurgie, est réduit par du ferrosilicium en magnésium.
La production prévue pour 2021 est de 3 000 t/an et elle pourrait ensuite être portée à 40 000 t/an.
En 2019, la production mondiale était de 1,1 million de t.
Chine | 900 | Israël | 20 | |
Russie | 80 | Brésil | 15 | |
États-Unis (estimation) | 63 | Ukraine | 10 | |
Kazakhstan | 25 | Turquie | 5 |
Sources : USGS et Solikamsk Magnesium Works
Il n’y a pas de production primaire dans l’Union européenne.
Fin 2018, la capacité mondiale de production de magnésium primaire est estimée à 1,855 million de t/an.
Il y a, en 2018, en Chine, plus de 60 usines utilisant le procédé Pindgeon, avec 58 % de la production provenant de la province du Shaanxi et 26 % de celle du Shanxi.
Commerce international : en 2019, y compris les déchets et les ouvrages en magnésium.
Principaux pays exportateurs :
Chine | 455 554 | États-Unis | 11 769 | |
Pays Bas | 74 148 | Slovénie | 10 651 | |
Allemagne | 22 112 | Taipei chinois | 8 196 | |
Canada | 14 823 | République tchèque | 7 477 | |
Nouvelle Zélande | 12 103 | Turquie | 7 320 |
Source : ITC
Les exportations de la Chine sont destinées à 22 % aux Pays Bas, 13 % au Canada, 7 % au Japon…
Principaux pays importateurs sur un total de 708 190 t, en 2017.
Pays Bas | 88 550 | Inde | 26 813 | |
Canada | 75 459 | Corée du Sud | 23 492 | |
Allemagne | 69 028 | Roumanie | 21 237 | |
États-Unis | 62 958 | Taipei chinois | 17 547 | |
Japon | 34 679 | Turquie | 17 465 |
Source : ITC
Les importations des Pays Bas proviennent à 94 % de Chine.
Principaux producteurs de magnésium, en 2018, hors celui auto-consommé pour produire l’éponge de titane, avec un total mondial de 935 000 t :
Sociétés chinoises | 800 |
Rima Industrial (Brésil) | 15 | |
US Magnesium (États-Unis) | 63 | VSMPO-Avisma (Russie) | 7 | |
Dead Sea Magnesium (Israël) | 25 | Royal Metal (Iran) | 5 | |
Solikamsk Magnesium Works (Russie) | 16 | Esan (Turquie) | 3 |
Source : Solikamsk Magnesium Works
La production mondiale de magnésium secondaire est estimée à 200 000 t/an, hors recyclage du magnésium contenu dans les alliages d’aluminium directement recyclés. La production de magnésium de deuxième fusion est, en 2019, de 110 000 t aux États Unis, dont 85 000 t provenant de chutes neuves et 25 000 t de métal récupéré, les alliages d’aluminium comptant pour 67 % de l’approvisionnement. Toutefois, aux États-Unis, le chlorure de magnésium sous-produit de la métallurgie du titane et recyclé avec la production de magnésium primaire n’est pas prise en compte.
En 2012, dans l’Union européenne, le recyclage a porté sur 63 300 t dont 51 700 t de chutes neuves de fabrication et 11 700 t de vieux déchets.
En 2019.
La production de magnésium qui était réalisée par Pechiney Électrométallurgie à Marignac (31), selon le procédé Magnetherm, à partir de dolomite, avec 12 500 t/an, a cessé en juillet 2001.
Commerce extérieur :
Les exportations étaient confidentielles.
Les importations s’élevaient à 12 268 t en provenance principalement à :
En 2016, la consommation mondiale de magnésium primaire est de 843 000 t répartie entre les pays suivants :
Chine | 352 | Canada, en 2014 | 64 | |
Union européenne, en 2014 | 164 | Japon | 40 | |
États-Unis | 74 | Brésil, en 2014 | 30 |
Sources : Solikamsk Magnesium Works, USGS et A. Clark, World Magnesium Conference Technical, 2017
Les secteurs utilisateurs sont principalement :
Monde, en 2016 |
Chine, en 2016 |
États-Unis, en 2019 |
|||
Alliages de Al | 37 % | 33 % | 28 % | ||
Alliages de Mg | 32 % | 30 % | 55 % | ||
Désulfuration de l’acier | 15 % | 13 % | 13 % | ||
Agent de réduction (Ti) | 10 % | 17 % | – |
Sources : USGS, Solikamsk Magnesium Works et A. Clark, World Magnesium Conference Technical, 2017
Quelques autres exemples d’utilisations :