Les silices naturelles, sous forme de sables, sont principalement utilisées comme charges pour les bétons. Des silices plus pures sont employées pour élaborer les verres et plus récemment, particulièrement aux États-Unis, dans la fracturation hydraulique lors de l’extraction de gaz et pétrole de schiste. La diatomite, qui trouve son origine dans le squelettes internes d’algues est exploitée pour être utilisée comme agent de filtration dans les industries agroalimentaires.
C’est une roche sédimentaire formée par l’accumulation de squelettes internes d’algues, les diatomées, fossilisées, avec une vitesse de sédimentation qui peut varier de quelques mm à 2,5 cm/an. Formée de silice amorphe, sous forme d’opale, elle contient près de 65 % d’eau avec, après séchage, une teneur de 86 à 94 % de silice. Après calcination à environ 1000°C, la granulométrie est de l’ordre de 5 à 15 µm. Elle possède une surface spécifique élevée.
Exploitations minières et traitements :
Dans les gisements sont présentes plusieurs variétés de diatomées. Si cela est possible, les diverses variétés, possédant leurs propres propriétés, sont extraites séparément. Sur des lieux proches des installations minières, des traitements de calcination sont effectués, après séchage, pour agglomérer, par frittage, les particules extraites. En effet, celles-ci sont pour la plupart des applications de dimensions trop faibles. Un traitement de calcination, en présence d’un fondant, le carbonate de sodium, vers 1000°C, permet une fusion limitée à la surface des particules qui agglomère les particules tout en évitant une fusion du cœur qui perdrait ses propriétés.
Les gisements français du Cantal se sont formés à la fin du Miocène, entre 9 et 5 millions d’années. Parmi les 12 000 espèces de diatomées ils renferment 3 espèces : cyclotella et melosira de symétrie radiale et synedra de symétrie axiale. Le gisement d’Auxillac-Foufouilloux, près de Murat, a une épaisseur de 20 m et une surface de 800 m sur 1,3 km. Il est recouvert par des moraines sur une épaisseur d’environ 25 m.
Productions, en 2019. Monde : 2,9 millions de t, Union européenne (Danemark, France…), en 2018 : 653 000 t. Dans le monde, il y a 23 pays producteurs.
États-Unis | 980 | Pérou | 110 | |
Danemark | 440 | Mexique | 100 | |
Chine | 420 | France | 80 | |
Turquie | 170 | Argentine | 70 | |
Corée du Sud | 130 | Allemagne | 50 |
Source : USGS
Le plus important gisement mondial, exploité par Imerys Filtration Minerals, société du groupe français Imerys, se situe aux États-Unis, près de Lompoc, en Californie. Dans ce pays, en 2015, 79 % de la production provient de Californie et du Nevada. Au total, il y a, en 2019, 12 mines en activité.
Au Danemark, la roche exploitée principalement dans les îles de Fur et Mors, appelée molder, contient 30 % d’argile.
Réserves : les réserves mondiales sont estimées à 1 milliard de t dont 25 % aux États-Unis et 11 % en Chine.
Commerce international : en 2019.
Principaux pays exportateurs, sur un total de 267 151 t :
États-Unis | 68 148 | Chine | 18 769 | |
Allemagne | 36 652 | Inde | 15 776 | |
Danemark | 25 400 | Portugal | 12 393 | |
France | 23 532 | Russie | 10 624 | |
Pérou | 19 248 | Argentine | 10 621 |
Source : ITC
Les exportations des États-Unis sont destinées à 20 % au Canada, 17 % à l’Allemagne, 8 % au Brésil.
Principaux pays importateurs :
Allemagne | 37 769 | Canada | 14 189 | |
Indonésie | 27 267 | Chili | 13 328 | |
Brésil | 26 267 | France | 12 366 | |
Arabie Saoudite | 15 972 | Autriche | 12 312 | |
République tchèque | 15 039 | Chine | 11 164 |
Source : ITC
Les importations allemandes proviennent à 32 % des États-Unis, 28 % du Danemark, 14 % de Russie, 11 % du Mexique, 5 % de France.
Producteurs :
Situation française : exploitation de carrières par Chemviron, à Saint Bauzile (07) et Auxillac-Foufouilloux, près de Murat (15), ce dernier gisement étant également exploité par Imerys. Chemviron traite la diatomite d’Auxillac-Foufouilloux à Riom-ès-Montagnes (15) avec une capacité de production de 27 000 t/an alors que celle extraite par Imerys, avec 60 000 t/an, est traitée à Murat (15).
Les exportations, en 2019, étaient de 23 530 t avec comme principaux marchés à :
Les importations, en 2019, s’élevaient à 12 408 t en provenance principalement à :
Utilisations :
Consommation : en 2019, la consommation des États-Unis a été de 920 000 t.
Secteurs d’utilisation aux États-Unis, en 2017 :
Filtration | 50 % | Charge minérale | 15 % | |
Ciment | 30 % | Absorbant | 5 % |
Source : USGS
En 2019, aux États-Unis, la filtration représente 60 % des utilisations.
La diatomite, parmi les agents de filtration courants (perlite, cellulose, charbon) des industries alimentaires est considérée comme le meilleur. Elle permet d’éliminer les particules en suspension de taille inférieure à 0,1 µm. Utilisée pour filtrer les jus d’extraction des sucreries, la bière, le vin, l’eau, les huiles… Dans les exploitations viticoles, la diatomite a remplacé les filtres en amiante. Elle permet l’élimination des bactéries et virus de l’eau de consommation.
L’utilisation dans le ciment Portland ne nécessite pas de calcination préalable, ce qui réduit les coûts de production, l’énergie comptant pour 25 à 30 % du prix de revient de la diatomite.
La diatomite est également utilisées comme charge minérale (par exemple dans des peintures), isolant thermique, abrasif doux (polish pour carrosseries, savons, dentifrices), support en chromatographie, support de catalyseur, dans le fractionnement du plasma sanguin humain…
La diatomite a permis à Nobel, en 1868, de stabiliser la nitroglycérine et de fabriquer ainsi la « dynamite ».
Ce sont des alluvions utilisés comme charge pour l’élaboration des bétons et du macadam. Ils sont utilisés également comme lits de filtration des eaux et effluents.
Aux États-Unis, en 2019, la production a été de 970 millions de t destinées à 46 % à la production de bétons, 21 % aux travaux routiers, 13 % aux remblayages, 12 % à la production de bitume.
Situation française : pour les sables et graviers d’alluvions.
Production, en 2018 : 579 entreprises ont produit 126 millions de tonnes.
Exportations de sable naturel, en 2019 : 2,118 millions de t, vers l’Allemagne à 72 %, la Suisse à 21 %.
Importations de sable naturel, en 2019 : 1,648 million de t, de Belgique à 58 %, de Suisse à 14 %, des Pays Bas à 11 %.
Les alluvions utilisés sont plus purs que les sables utilisés comme charge des bétons. Les domaines d’utilisation dépendront de la nature et de la teneur des impuretés. Par exemple, la coloration d’un verre dépend de la teneur du sable utilisé comme matière première, en oxydes métalliques et surtout en Fe2O3. Par exemple, une silice pour verre optique doit avoir la composition suivante : SiO2 = 99,8 %, Al2O3 = 0,1 %, Fe2O3 < 0,02 %. Une granulométrie homogène est également un critère important.
On distingue :
Productions, en 2019. Monde : 330 millions de t, Union européenne, en 2017 : 111 millions de t.
États-Unis | 110 000 | Inde | 12 000 | |
Pays Bas | 54 000 | France | 9 300 | |
Espagne | 36 000 | Allemagne | 7 500 | |
Turquie | 14 000 | Bulgarie | 7 300 | |
Italie | 14 000 | Indonésie | 5 500 |
En 2019, les États-Unis sont le premier pays exportateur avec 5,9 millions de tonnes. Les exportations sont principalement, à 86 %, destinées au Canada.
Producteurs : le n°1 mondial est le groupe belge Sibelco, avec 195 sites de production, tous produits de carrières confondus, dans 34 pays.
Principales sociétés en Amérique du Nord :
Recyclage : la silice utilisée en fonderie est en grande partie recyclée, ainsi que celle contenue dans le verre lors de son recyclage.
Situation française : en 2017, production de 8,8 millions de t.
Source : MI-france
En 2013, il y a 68 carrières en activité.
Les principaux gisements français sont constitués de sables siliceux de haute pureté et présents pour 75 % de la production française dans le Bassin parisien.
Des gisements de grès quartzitique et de quartzite sont exploités à Meillers (03) pour la production de silicium et à Vallabrix (30) pour la production de ferrosilicium.
Des gisements de galets de quartz destinés à l’électrométallurgie pour la production de silicium et de ferrosilicium sont exploités par Imerys, en Dordogne à Saint Jean de Côte avec 100 000 t/an et Saint Paul la Roche avec 40 000 t/an ainsi que dans le Lot à Thédirac avec 400 000 t/an destinées à 30 % à l’électrométallurgie.
Des galets de silex sont principalement exploités en baie de Somme, à Cayeux-sur-Mer (80), par GSM, filiale du groupe cimentier Heidelberg, avec 240 000 t/an, Sibelco, avec 30 000 t/an, Silmer avec 60 000 t/an. Les galets sphériques sont réservés à une utilisation dans des broyeurs à boulets pour l’industrie céramique. Une autre partie de la production de galets, constitués de calcédoine, est chauffée à 1600°C pour donner de la cristobalite ou à plus basse température, 900°C, comme charge minérale.
Un gisement de quartz ultra-pur en filon, est exploité par Quartz et Minéraux, à la Chapelle-Agnon (63) avec 25 000 t/an destinées à l’industrie céramique.
Principaux producteurs :
Utilisations :
Consommation, aux États-Unis, en 2019 : 100 millions de t.
Secteurs d’utilisation, aux États-Unis : en 2019.
Fracturation hydraulique et bétonnage des puits d’extraction d’hydrocarbures | 73 % | Charge minérale | 2 % | |
Industrie verrière | 7 % | Produits de construction | 2 % | |
Fonderie | 3 % | Sables de loisirs | 1 % |
Source : USGS
Fracturation hydraulique : ces dernières années, aux États-Unis, le développement spectaculaire de la production de gaz et pétrole de schiste a entraîné une forte consommation de silice dans ce secteur. Les grains de silice permettent de maintenir la perméabilité de la roche fracturée.
Industrie verrière : le verre contient de 60 à 75 % de silice, voir le chapitre verre. En France, la silice provenant de l’Oise, qui contient seulement de 90 à 170 ppm de Fe2O3, est particulièrement appréciée.
La silice fondue ou verre de silice est utilisée pour ses propriétés réfractaires (appareillages, tubes, ampoules de lampe aux halogènes) ou pour sa transparence aux rayonnements UV, par exemple pour la confection de cuves pour spectromètres UV. Ces cuves, en verre de silice, donc amorphe, sont improprement appelées en « quartz », forme cristallisée de la silice.
Fonderie : pour la fabrication de moules et noyaux. Plus le sable est fin, meilleur sera l’état de surface de la pièce métallique obtenue après coulée. Le sable utilisé doit être exempt de calcaire (provenant par exemple de fossiles) afin d’éviter, à chaud, un dégagement de dioxyde de carbone.
Matière première pour la fabrication du silicate de sodium et de la silice synthétique.
Matière première pour la fabrication du carbure de silicium, des ferrosilicium et du silicium.
Matière première pour la fabrication de céramiques, d’abrasifs, d’émaux…
Charge de peintures, colles, mortiers, plastiques, caoutchoucs, cosmétiques…
Amendements agricoles.
Décapage des métaux, des pierres…
Cette toxicité ne concerne que la silice cristallisée sous forme de quartz, cristobalite ou trydimite. Toutefois, la diatomite, dans laquelle la silice est sous forme amorphe, peut, après calcination, renfermer des quantités importantes de cristobalite.
La voie de pénétration est la voie respiratoire, les particules les plus fines (< 4,5 μm) pouvant atteindre les alvéoles pulmonaires et s’y déposer en induisant une irritation des voies respiratoires et une fibrose pulmonaire irréversible appelée silicose. La forme actuelle la plus courante est la silicose chronique se traduisant par une dyspnie d’effort, toux, expectation, diminution de la fonction pulmonaire. Elle intervient généralement après plus de 20 ans d’exposition et son évolution se poursuit même après la cessation de l’exposition. Les sujets atteints souffrent d’une altération majeure des fonctions pulmonaires et d’une obstruction sévère des voies aériennes pouvant conduire au décès.
Par ailleurs, en France, les silices cristallisées sont classées cancérogènes pour l’homme, elles donnent des cancers bronco-pulmonaires. L’association de l’exposition à la silice avec plusieurs pathologies est également confirmée et en particulier pour la tuberculose, les atteintes respiratoires obstructives et certaines pathologies auto-immunes (sclérodermie, polyarthrite rhumatoïde).
Les valeurs limites d’exposition professionnelles sur 8 heures/jour sont de 0,1 mg.m-3 pour le quartz et de 0,05 mg.m-3 pour les autres formes cristallines. L’ANSES recommande de diminuer ces valeurs.
En France, en 2017, 365 000 personnes sont exposées à la silice cristallines dont de 23 000 à 30 000 à des teneurs supérieures à 0,1 mg.m-3, le secteur le plus exposé étant la construction.